HÉNIN-BEAUMONT
Par Youenn Martin | 10/12/2017
Pourquoi la ville
a accueilli la remise du « Prix de l’humour de résistance »
C’est au collège Gérard-Philipe, à Hénin-Beaumont, qu’a été remis le
onzième Prix de l’humour de résistance. Il a été décerné à titre posthume à
Hanuš Hachenburg, un adolescent juif mort en déportation en 1944. Interné, il
avait écrit une pièce pour marionettes qu’une certaine Claire Audhuy a
retrouvée 70 ans plus tard.
Étienne Moulron (à
droite) a remis le prix à Claire Audhuy et Baptiste Cogitore, qui ont découvert
et mettent en valeur la pièce d’Hanuš Hachenburg.
Le destin se joue parfois à un détail. Il a fallu qu’Étienne Moulron vive
un moment de vie particulièrement difficile, qu’il ait envie d’en finir avec la
vie, qu’il soit sur le point de se jeter sous un train, pour qu’il lui revienne
cette phrase de Prévert que lui citait son père : « J’ai
pensé parfois mettre fin à mes jours, mais je n’ai pas su par lequel commencer ».
Un pas en arrière et il réalisait que « l’humour est une arme de
reconstruction massive ».
Étienne Moulron s’est alors mis en tête de se consacrer à l’humour, il
a ouvert une Maison du rire et de l’humour à Cluny, où il vit, puis créé le Prix de l’humour de résistance. Il
a déjà été décerné à Jean-Pierre Mocky, Germaine Tillion ou encore Charlie
Chaplin.
Pour plus d’infos : http://lephare1.e-monsite.com/pages/le-prix-humour-de-resistance.html
Pour la onzième édition, la remise du prix aurait dû avoir lieu en
Bourgogne, dans le cadre d’un salon du livre qui a été annulé. Étienne
Moulron s’est tourné vers celle qui devait recevoir symboliquement la
récompense, une certaine Claire Audhuy, fondatrice avec Baptiste Cogitore de " RODEO d'ÂME"
Pour plus d’infos : www.rodeodame.fr
Auteure de théâtre strasbourgeoise, elle n’est pas
tout à fait inconnue à Hénin-Beaumont. Elle a passé quatre mois en résidence artistique dans l’agglomération et
suscité quelques débats.
« C’est un peu emblématique de venir ici, dit Étienne Moulron, mais
ce n’est pas dans le but de faire une provocation. »
Pour trouver une
salle, l’artiste a fait appel à « la
bonne fée » Élodie Mikolajewski, principale adjointe du collège
Gérard-Philipe. Vendredi, l’établissement accueillait une journée sur
l’éducation à la laïcité, organisée par la Ligue de l’enseignement. Le tour
était joué.
Une pièce écrite en
déportation
Mais pourquoi Claire Audhuy ? Parce que c’est elle qui, dans le cadre
de son travail universitaire sur le théâtre dans les camps nazis, a découvert
l’auteur primé vendredi soir, Hanuš Hachenburg. « J’ai
exhumé, au fond d’un carton, une pièce de théâtre qu’il avait écrite
70 ans plus tôt », explique-t-elle. Cet adolescent juif de
14 ans était interné à Terezín, un drôle de ghetto, vitrine de l’Allemagne
nazie destinée à faire croire qu’elle traitait bien les Juifs dans ses camps.
Pour ses copains de la baraque nº 1, il a écrit une trentaine de poèmes et
cette pièce pour marionnettes, On a besoin d’un fantôme.
Elle raconte l’histoire
d’un roi, Analphabète 1er, qui comprend que pour contraindre tout le monde à
penser comme lui, il faut faire peur. Il fait alors créer un fantôme à partir
des ossements des vieillards. Toute ressemblance avec des faits réels n’était
pas fortuite. « Il a lu son texte à ses camarades, ils étaient
tous écroulés de rire », assure Claire Audhuy. Pour faire
connaître Hanuš Hachenburg, elle a édité la pièce et, avec son compagnon
Baptiste Cogitore, réalisé un documentaire à ce sujet.
Pour tous contacts:
Etienne Moulron
Fondateur de la Maison du Rire et de l'Humour
et Créateur du " Prix Humour de Résistance"